La question de l'analyse profane

Publié le par ALCARAZ Patricia

Pour Freud le rêve est la voie royale qui mène à l'inconscient

Pour Freud le rêve est la voie royale qui mène à l'inconscient

Source : ma synthèse 2014 du livre de Freud sur la question de l'analyse profane

La question de l’analyse profane est publiée en 1925. Elle fait écho à la mise en accusation pour exercice illégal de la médecine du Dc REIK, docteur en philosophie. Ce livre est une mise au point par Freud sur ce qu’est la psychanalyse et pourquoi il préconise d’ouvrir le champ de la psychanalyse aux non médecins et donne les arguments qui motivent son choix. Au début du siècle la psychanalyse est peu connue, aucun cadre n’est encore posé et la réglementation varie selon les pays.

Afin de mieux connaitre la psychanalyse, il faut revenir sur quelques notions de base :

La psychanalyse est un procédé visant la guérison ou l’amélioration des souffrances nerveuses. Le travail de l’analyste consiste à mettre en place une relation avec le malade basée sur la confiance, l’écoute et la confidentialité ainsi il amène le patient à revivre des évènements passés, ou bien l’invite à suivre de libres associations d’idées, il peut aussi évoquer ses rêves permettant ainsi leur interprétation. L’analyste est le substitut de personnes apparentées au patient qui va pouvoir transférer les épisodes de son histoire de vie ayant entrainé des traumatismes sur la personne de l’analyste.

Les patients névrosés sont atteints de troubles psychiques et physiques car il y a un lien entre le processus animique (qui régit « la vie d’âme » avec une instance inconsciente, consciente et pulsionnelle) et le corps (qui perçoit des stimulations externes, qui ressent des besoins et qui intervient dans la motricité). Lorsqu’il y a un dysfonctionnement entre ces deux pôles (psychique et physique) des conflits apparaissent pouvant se manifester par des symptômes corporels, des angoisses ou des troubles du comportement.

Pour mener à bien le traitement l’analyste doit disposer de connaissances dans des domaines variés qui sont différentes de celles acquises dans le cadre d’un cursus médical à savoir : connaître le fonctionnement des processus psychiques, les sciences humaines, la psychologie des profondeurs, il doit aussi avoir lui-même suivi une analyse.

Cet apprentissage est à prévoir sur une durée de deux ans. Pour un élève en médecine le cursus sera très long, les connaissances en médecine peu utilisées et de plus il ne peut ni ausculter le malade ni lui prescrire un traitement médical ni déceler d’emblée la source psychique de dysfonctionnements corporels.

Tout au long de la cure, des mécanismes de défense vont se mettre en action pour entraver la progression du traitement notamment « les résistances » lorsque le patient approche d’un élément inconscient refoulé trop douloureux, il l’évite. Un autre obstacle à la cure peut venir d’un blocage du patient qui tire « bénéfice de la maladie » : Il veut aller mieux mais des éléments inconscients agissent dans le sens opposé.

Pour aller à la source psychique, l’analyste travaille sur l’appareil psychique composé d’un système inconscient, conscient et pré-conscient ayant une mode de fonctionnement défini et dans lequel trois instances vont agir, a savoir le « ça » qui est l’élément pulsionnel, le « moi » qui est le médiateur entre le « ça », le monde extérieur et le « surmoi » il est chargé de trouver une réponse globale adaptée aux intérêts de la personne , et le « surmoi » qui représente la loi, la morale, il juge de ce qui est bien ou pas.

Ces trois instances sont indépendantes les unes des autres, elles peuvent donc avoir des buts communs mais aussi des buts opposés et vont agir dans des directions contraires pour les réaliser créant ainsi des conflits psychiques.

  1. Le « ça » : correspond à la pulsion, « Triebe » dont le destin est d’être satisfaite. Pour obtenir sa satisfaction la pulsion crée une tension perçue par le corps (=déplaisir) qui va alors agir pour abaisser cette tension (=plaisir). « les oscillations entre plaisir et déplaisir règlent l’activité de l’appareil animique avec domination du principe de plaisir ».
  2. Le « moi » : il reçoit les revendications du « ça » à savoir obtenir la satisfaction. Pour y répondre au mieux il va, d’une part « avec son organe sensoriel (la conscience) observer le monde extérieur pour saisir le moment favorable à une satisfaction sans dommage » d’autre part dompter les passions du « ça » soit en ajournant leur satisfaction soit en modifiant ou en abandonnant leurs buts. Il remplace ainsi le principe de plaisir en principe de réalité. C’est ainsi que les mêmes buts sont à atteindre mais en prenant en compte les conditions imposées par le monde réel.

La performance suprême du « moi » étant de « s’adapter au monde extérieur « en le modifiant et en instaurant les conditions rendant possible la satisfaction….Décider quand il est approprié de dominer ses passions et de se plier à la réalité ou bien de prendre leur parti et de se mettre en position de défense contre le monde extérieur….La différenciation d’un moi est avant tout un pas vers la conservation de la vie. »

  1. Le « surmoi » : il s’édifie sur les interdits parentaux, la loi et la morale. Il juge de ce qui est bien et de ce qui ne l’est pas.
  • « Ça, moi, surmoi » et leur interaction :

« tout ce qui se passe dans le ça est et reste inconscient et que tous les processus dans le moi, et eux seuls peuvent devenir conscients mais de grandes parts du moi peuvent rester durablement inconscientes ».

Les impressions vécues lors d’un trauma vont resurgir juste avant l’arrivée d’une situation semblable et provoquer un affect d’angoisse (si à ce moment là la pulsion est intense et le moi trop faible, le «moi » interprète le danger pulsionnel comme étant un danger extérieur avec sa réponse défensive qui est la tentative de fuite à refoulement de la motion pulsionnelle qui va continuer d’exister « isolée, abandonnée à elle-même, inaccessible mais aussi ininfluençable » elle va engendrer des « rejetons psychiques qui la représente, se met en connexion avec d’autres processus que, par son influence, elle arrache au moi en une formation substitutive déformée, elle opère une percée dans le moi et jusqu’à la conscience créant un symptôme » , ce processus affaiblit le « moi », il perd son influence sur une partie du « ça », pour éviter toute nouvelle collision avec le retour du refoulé il doit renoncer à une partie de sa mission, c’est lui aussi qui va devoir mener des actions de défense contre les symptômes, et lutter contre les pulsions dans le ça qui vont poursuivre leur but propre en toute autonomie.

Pour conclure : le « moi » (préalablement faible) s’est servi du refoulement pour éviter un conflit et c’est à cause du processus qu’il a ainsi déclenché qu’il a perdu son pouvoir sur les motions pulsionnelles du ça (qui lui-même s’est renforcé). Le rôle de l’analyse est de rendre au « moi » son autonomie sur le « ça ». Pour se faire, il va raviver les souvenirs du patient et permettre au « moi » d’affronter le conflit antérieur plutôt que de le fuir (c’est avec un regard adulte que le patient revisite son passé). Pour arriver à déterminer quel est ce conflit, l’analyste utilise les symptômes, les rêves, les libres idées incidentes.

  • Inconscient, conscient : leur action :

« les refoulements décisifs ont tous lieu dans la prime enfance » « l’analyste doit découvrir les motions pulsionnelles sexuelles qui accompagnent le malade depuis la naissance et que ce sont celles-ci dont le moi infantile se défend en recourant au refoulement ».

L’enfant passera par différents stades avant d’arriver à la maturité sexuelle qui correspondra à l’unification des pulsions érotiques partielles qui vont se rassembler en une seule pulsion sexuelle qui va alors se soumettre au primat de la zone génitale dont le but sexuel est la reproduction de l’espèce.

Pour atteindre cette maturité sexuelle il est à noter que tout se joue avant l’âge de cinq ans puis viens la période de latence (jusqu’à la puberté) durant cette période l’enfant va oublier la sexualité et se consacrer à l’apprentissage.

La puberté correspond à la reviviscence de la sexualité infantile à laquelle s’ajoute des positions du « moi » telles que le dégout, la pudeur, la morale qui vont agir pour endiguer le retour de la sexualité préalablement influencée par les stades précoces. Ces stades sont comme des étapes successives qui vont définir la vie sexuelle de l’adulte. Des fixations à ces différents stades entrainent un refoulement et un dysfonctionnement dans la vie du patient. L’analyste doit faire régresser le patient sur ces points de fixation et délier la libido (force pulsionnelle qui agit à l’intérieur du psychisme) emprisonnée par le processus de refoulement et restituer un équilibre au patient.

Dans cette progression vers la sexualité adulte, l’enfant passe par la phase œdipienne (ce mot vient de la mythologie, c’est donc un marqueur archaïque inscrit dans le patrimoine génétique humain), son premier choix d’objet sexuel est incestueux, puis viens la frustration de ne pas pouvoir atteindre cet objet, la peur de perdre son pénis (pour le garçon) il l’abandonne pour ce tourner vers son futur objet sexuel. Le pénis est pour le garçon comme pour la fille le centre de son intérêt, le garçon vivra l’angoisse de le perdre (angoisse de castration) et la fille découvrira la frustration de ne pas avoir de pénis car elle pense avoir été châtrée.

« il est dans l’analyse d’une particulière importance d’amener au souvenir la propre activité sexuelle de l’enfant qui fut oubliée ainsi que l’intervention des adultes qui y mirent fin. »

Pour ce faire l’analyste interprète les souvenirs, les idées incidentes ou les rêves, et les formalise auprès du patient lorsque celui-ci se rapproche de la solution, l’analyste met des mots à... il symbolise. « on combat l’influence de ces tendances (percée des rejetons du refoulé + refoulé dans le moi affaibli) en forçant le moi à en prendre connaissance »

  • Entre le « moi » et le « ça » le « surmoi » appelé aussi l’héritier du complexe d’Œdipe, « le sur-moi doit acquérir une conformation normale, qu’il soit devenu impersonnel », le dépassement de la phase œdipienne permet à l’enfant de se détacher de sa rivalité avec le père qui risque si cette étape n’est pas dépassée de donner naissance dans la névrose à un processus similaire d’opposition entre le « moi » et le « sur-moi » en tant que substitut du père à sentiment de culpabilité qui assouvi son besoin de châtiment dans la maladie « le sentiment de culpabilité inconscient représente la résistance du sur-moi. C’est le facteur le plus puissant et le plus redouté de l’analyste »
  • Conclusion : la question de l’analyse profane n’est pas de savoir s’il faut être médecin ou non pour exercer la psychanalyse mais de mettre en place (le contexte se situe au début du siècle et au début de la psychanalyse) un organisme de formation indépendant qui puisse à la fois évaluer le profil de l’analyste, former, encadrer, proposer une analyse didactique et suivre le futur psychanalyste. C’est donc à cet organisme qu’appartiendra le rôle de statuer sur les capacités de l’analyste.

Publié dans PSYCHANALYSE

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